Les blogs ont souvent des outils intégrés qui permettent de voir ce que leurs lecteurs cherchent. Quels mots-clés ils ont tapé pour arriver là. Habituellement, les mots-clés que vous tapez et qui vous font atterrir sur ce blog sont : Prise de parole, Media Coaching, Communication de crise… Il y a des questions, aussi : Comment mieux se servir de sa voix ? Comment ne pas avoir peur de prendre la parole ?
Le 5 février dernier, je découvre que quelqu’un a été dirigé sur mon blog après avoir tapé : « Réflexion d’un dircom qui se demande si la communication vaut bien d’être vécue ».
J’en suis restée rêveuse une partie de la soirée…
Car, oui, la communication prend de plus en plus de place dans la vie de l’entreprise. Ce n’est pas un sujet neutre, la manipulation est toujours un risque. Et les Dircom sont souvent en première ligne. Ce soir-là, je pensais à tous ces communicants qui répètent sans arrêt que la forme est plus importante que le fond, que connaître les clés de la communication c’est avoir accès au pouvoir. Je me disais que certains Dircom, qui ont des valeurs, des convictions, doivent parfois se sentir un peu seuls…
J’ai envie de vous répondre aujourd’hui, cher Dircom qui se demande si la communication vaut bien d’être vécue. De vous donner mon sentiment, en tout cas. Je crois qu’il y a trois points qui peuvent faire perdre confiance en la communication de son entreprise :
- Qu’on vous pousse à communiquer d’une manière qui n’a pas de sens
- Qu’on vous pousse à communiquer d’une façon qui manque d’éthique, qui cherche à manipuler
- Qu’il manque, au sein de l’entreprise, une prise de conscience du rôle, important, de la communication
Pour que la communication vaille la peine d’être vécue, il faut résister au discours ambiant. Lutter contre des phrases et des attitudes décourageantes. Et d’abord, contre cette croyance déprimante : en communication, et surtout à l’oral, il n’y a que la forme qui compte. C’est faux. La seule façon de produire des messages qui durent, c’est de trouver une forme adaptée au fond qu’on veut faire passer. C’est de lier les deux. Et de sortir de cette tyrannie actuelle : produire une forme séduisante, quasiment détachée du fond.
On peut, bien sûr, travailler la forme indépendamment du fond. Un peu comme les nageurs qui font de la musculation à côté de la natation : travailler la forme, s’entraîner, c’est un complément, une façon de renforcer ses techniques de communication. Mais penser que cela suffit, qu’on peut se dispenser d’avoir du fond, c’est limité et déprimant.
Au-delà du sens, il y a l’éthique. Comment ne pas tomber dans le jeu de la manipulation ? Il y a déjà une chose qu’on peut faire : admettre une bonne fois pour toute qu’il n’existe pas de communication objective. Et donc, qu’il est nécessaire, pour être honnête, de dire «d’où on parle ». Exprime-t-on le point de vue d’une catégorie de salariés ? De la direction ? Pas de problème, à partir du moment où on le dit clairement.
Une communication subjective, assumée comme telle, argumentée, factuelle, c’est déjà une base d’échange saine. Cela permet de confronter plusieurs points de vue, au lieu d’essayer de faire croire qu’il n’y a qu’une seule vérité, une seule façon de voir les choses.
Et puis, il y a la perception de la communication au sein de l’entreprise. Est-elle considérée comme une charge, un coût générateur de coûts ? Un secteur dont on peut couper les budgets en temps de vaches maigres ? Et lui demande-t-on seulement d’être efficace en situation de vente ou lors d’une crise ? Si c’est le cas, le Dircom devra faire preuve de pédagogie pour montrer la partie immergée de la communication (comme pour les icebergs, le plus important est ce qu’on ne voit pas…), l’utilité d’un travail de fond, d’un travail sur la durée. Parce que la « com » ne marche pas très longtemps si on veut en faire une sorte d’outil sans foi ni loi, au service de la courbe des ventes. Surtout de nos jours où le côté « éthique », « responsable » du business gagne du terrain.
Finalement, je dirais que la com d’entreprise vaut la peine d’être vécue si l’équipe dirigeante a pris conscience de son vrai pouvoir comme de ses limites. De ses règles particulières, aussi, qui ne sont pas toujours les mêmes que les règles commerciales.
La com vaut toujours la peine d’être vécue quelque part, au sein de certaines équipes, de certaines entreprises. Je vous souhaite, cher Dircom, de travailler pour une de ces entreprises. Aujourd’hui, ou très bientôt…